Plus qu'aucune Nation, la France peut s'enorgueillir de ses spécialités sucrées. Montélimar, Nancy, Cambrai, Aix en Provence, Vichy, etc... possèdent le titre de noblesse de bouche qui contribue pour une part à leur renommée. Verdun a les Dragées.
C'est donc de l'usine du Coulmier, dotée d'une technique qui a fait ses preuves, que coule cette manne savoureuse et parfumée qui, lors des baptêmes, communions, mariages, et fêtes de famille fait la joie des dégustateurs.
A Verdun, les vertus de cette friandise sont célébrées au cours d'une fête folklorique qui déplace plus de 15 000 personnes et qui fait dire à un journaliste "Quelle manifestation" sucrée "peut se vanter de réunir pour la fête autant de monde".
Verdun est vraiment le berceau de la dragée et cette confiserie va se trouver mêlée à la vie de la cité en maintes occasions. Les Magistrats de la ville offraient aux hôtes de marque et aux personnalités royales ce succulent produit. Henri III s'en vit offrir à l'occasion de son sacre, en 1574.
De passage à Verdun en 1603, Henri IV en reçut également. Les élus verdunois n'ont pas voulu rompre avec la tradition et chaque fois qu'un Chef d'Etat rend visite à la ville, il se voit remettre un Drageoir frappé des armes de Verdun.
Il est d'autres souvenirs ou tendres ou douloureux :
Le 2 septembre 1792, Verdun, assiégé par les troupes de Prussiens tombe devant les assaillants... Beaurepaire, Commandant d'Armes, se suicide à l'Hôtel de Ville...
Le Général Kalkreuth entre en ville pour régler la remise de la place. Sa mission terminée, il sort de la ville avec son escorte, quand un coup de fusil abat, près de lui, un lieutenant des hussards, le Comte de Henkel.
Aussitôt, dans le camp prussien, on ne parle pas moins d'annuler la capitulation et de brûler la ville. Pour éviter ce désastre, les Autorités Municipales se rendent au Quartier Général ennemi afin d'offrir des réparations convenables.
Elles ne sont pas reçues.
Ce fut alors que quelques femmes proposèrent d'aller offrir au Roi de Prusse une corbeille de Dragées. L'accueil de Frédéric Guillaume fut poli, mais froid ; il refusa les Dragées.
L'irritation et la terreur furent extrêmes à Paris et à l'Assemblée Nationale lorsqu'on apprit la capitulation de Verdun. Puis les Prussiens allèrent se faire battre à Valmy et les français rentrèrent de nouveau dans la ville.
La terreur de l'ennemi passée, la colère contre Verdun tomba mais le pardon accordé par la Convention aux habitants ne fut pas complet. Il fallait des victimes à la terreur. On les choisit intéressantes.
Ce furent les Dames de Verdun, dont l'histoire ne retint que les Demoiselles, les " Vierges de Verdun " qui portèrent leur tête à l'échafaud.
Napoléon 1er lors de la retraite de Russie fit halte à Verdun au soir du 17 décembre 1812 et malgré la pénible tristesse qui l'affligeait, il se souvint que les Dragées de Verdun avaient une réputation bien méritée et en voulut porter au Roi de Rome.
Un confiseur se hâta d'apporter ses bonbons les plus exquis, il fut payé par Caulaincourt, le compagnon de l'Empereur, d'une façon digne de Napoléon et avec une générosité toute impériale.